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Prix décernés


  L’art qui dialogue avec l’environnement



Les lauréates du Prix COAL 2023


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Le Prix COAL 2023 a été décerné au collectif Al-Wah’at pour son projet Wild Hedges. Le prix spécial du jury a été attribué à Fabiana Ex-Souza pour son projet Trouxas de mandinga. Cette année, deux mentions spéciales ont également été décernées : la mention NOVA_XX en partenariat avec le Centre Wallonie-Bruxelles/Paris à Laura Cinti pour son projet AI in the Sky et la mention Ateliers Médicis à Shivay pour son projet Ciels qui parlent.









Les Prix seront décernés le 20 septembre 2023, à l’occasion de la première édition de SANS RÉSERVE, le nouveau rendez-vous de l’art et de l’écologie lancé par COAL au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris, initiant une riche saison d’événements pour les 15 ans de COAL (2023-2024). Les lauréates du Prix COAL 2023 – Plante ! témoignent de l’attention des artistes aux formes du vivant végétal et des nombreux potentiels de l’art en faveur de sa préservation et de sa résilience.

Collectif Al-Wah’at, Lauréat du Prix Coal 2023 pour le projet Wild Hedges

C’est au XVIe siècle que le figuier de barbarie est introduit en Europe par les conquistadors afin de cultiver son insecte parasite, une espèce de cochenille utilisée depuis des siècles en Amérique latine pour produire un colorant rouge brillant. Si cette espèce de cochenille n’a pas survécu au climat européen, le cactus lui, s’est largement répandu. Dans les régions méditerranéennes, il est devenu un véritable symbole culturel. Ailleurs, en Afrique du Sud ou en Australie, il est vite considéré comme envahissant. La fausse cochenille carminée (Dactylopius opuntiae) y fut donc introduite pour contrôler la propagation du cactus. Se propageant à son tour, l’insecte est devenu un ravageur implacable, notamment pour les cultures de figuiers de barbarie en méditerranée.

Prenant comme point de départ les histoires coloniales, écologiques et symboliques du figuier de barbarie (Opuntia ficus-indica ou sabr en arabe) et de la cochenille, avec Wild Hedges le collectif Al-Wah’at questionne la notion d’espèces envahissantes et explore des pratiques de soins et de résilience avec et pour les plantes. À travers une diversité de recherches et de pratiques développées collectivement avec des communautés locales, en Palestine et ailleurs, elles explorent les multiples potentiels de cette plante : les usages de sa fibre morte pour le tissage et la construction ; les bienfaits de la collecte des cochenilles tant pour la fabrication de pigment que pour freiner l’anéantissement des cactus ; ou encore la réactivation des pratiques culinaires et vivrières qui l’entourent. Autant d’actions participatives, traversées par des recherches au long court telle l’étude des variables écologiques sur la propagation de l’insecte et la résilience du cactus.

Prolifique et inspirante, cette plante, qui peut survivre avec un minimum d’eau pendant de longues périodes à des températures élevées, pourrait bien devenir un modèle de résistance pour le futur, à l’heure où, sous l’effet du réchauffement climatique, les tensions géo-politiques pour la gestion de l’eau ne cessent de s’intensifier.

Le collectif Al-Wah’at (Palestine/Royaume-Uni/Espagne) est composé par Areej Ashhab, Ailo Ribas et Gabriella Demczuk, nées respectivement en 1995, 1996 et 1991 à Jérusalem. Elles vivent et travaillent en Palestine, au Royaume-Uni et en Espagne. Le collectif Al-Wah’at s’engage à développer des pratiques communautaires au cœur d’écosystèmes généralement considérés comme hostiles ou sans vie. Diplômées de Centre for Research Architecture de la Goldsmiths University de Londres, i.elles vivent et travaillent entre la Palestine, le Royaume-Uni et l’Espagne. Leur travail a été présenté en Angleterre et en Palestine (Arts Catalyst, Sakiya).

Fabiana Ex-Souza, Lauréate du prix spécial du jury pour le projet Trouxas de Mandinga

L’histoire des plantes renvoie à un ensemble de processus historiques liés à la violence et à la domination. Dans son livre, La colonisation du savoir. Une histoire des plantes médicinales du « Nouveau Monde » (1492-1750), l’historien Samir Boumediene rapporte comment certaines plantes du continent américain ont été considérées par les autorités politiques, religieuses et scientifiques européennes de l’époque moderne comme des « marchandises de première importance » tandis que d’autres ont été « la cible de la police inquisitoriale ». Les graines de la colonisation sont autant d’indicateurs des rapports de force politiques et portent en elles les stigmates de la souffrance.

Fabiana Ex-Souza appréhende les plantes, comme étant « enserrées dans un ensemble de liens » pouvant tout autant devenir des poisons que des remèdes. Aussi, si certaines plantes importées en Europe par la colonisation évoquent des processus de violence – le café et le coton nous ramène à l’esclavage, le tabac au tabagisme et ses maladies, le maïs aux cultures amérindiennes ravagés – une autre force, égale en puissance, cette fois-ci guérisseuse, peut s’exprimer. À travers la pratique du tissage, la broderie et la collecte d’éléments naturels, l’artiste crée des objets du guérison appelés Trouxas de mandinga, inspirés de l’histoire des Patuás afro-brésiliens.  Telles des amulettes brodées de semences vivantes, certaines d’entre elles ont vocation à retourner à la terre afin de déclencher un processus de transmutation végétale.

En utilisant les vertus transmutationnelles des graines pour repenser notre rapport à l’histoire, Fabiana Ex-Souza aspire à restaurer nos liens au vivant, et transforment les récits de violence liées aux plantes en potentiel de guérison.

Fabiana Ex-Souza (Brésil), née en 1980 à Belo-Horizonte, Brésil, vit et travaille à Paris, France.

Pour en savoir plus sur les autres prix, consultez la page de COAL

© Anne Wernikoff

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