ArtCatalyse : l'art qui dialogue avec l'environnement

Exposition en cours


  L’art qui dialogue avec l’environnement



Jeanne Susplugas, Occasions perdues

Musée régional d’art contemporain, Sérignan

27.01 - 12.05.2024




 







 




 

 












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Communiqué de presse


C’est dans une sorte d’interstice, de fissure originelle que réside et croît l’oeuvre de Jeanne Susplugas, née en 1974 à Montpellier: une exploration sensible du corps, entre ingénuité enfantine et violence. Qu’il soit métaphorique, absent, morcelé, érotique ou malade, le corps comme entité suggestive devient prétexte à sonder des questions universelles comme la solitude, le désordre psychologique, la faiblesse, l’addiction, la folie ou encore l’obsession.








 





































































 













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Gilles Aillaud

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Marika Prévosto

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sandie hatem

jul 1 à 2h10 PM

Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent

En coproduction avec les Musées des beaux-arts de Rennes et de Saint-Rémy de Provence, cette rétrospective parrainée par la Fondation d’Entreprise Michelin est la première grande exposition consacrée à l’artiste depuis 10 ans. Une cinquantaine de tableaux provenant de grandes collections publiques et privées seront exposés au FRAC Auvergne.























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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-Paul de Vence. Tél. : +33 (0)4 93 32 81 63. Ouverture tous les jours de 10h à 18h.

Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.

Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-Sartoux. Tél. : +33 (0)4 93 75 71 50. Ouverture du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.

Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…







Les images que donnent à voir Jeanne Susplugas à travers ses dessins, sculptures, photographies, vidéos et installations, sont séduisantes de prime abord – en jouant notamment de l’agrandissement, de l’accumulation, de la douceur des formes et des couleurs, de l’aspect attrayant d’une guirlande lumineuse ou d’une boule à facette –, mais révèlent finalement un sous-texte plus sombre, inquiétant et dérangeant. L’artiste s’intéresse avant tout aux failles de l’être humain, à son inhérente complexité dans

une société qu’elle décrit comme malade, dans un monde complètement chaotique où règnent diktats de l’apparence, aliénation et surconsommation à outrance. Ainsi se croisent dans son oeuvre des mots pour des maux contemporains comme « L’aspirine c’est le champagne du matin » ou « Dependence », des maisons, des cages, des boîtes comme autant de formes de protection et d’enfermement, des médicaments et autres poudres afin de réunir des notions opposées telles que soin et danger, habitude et addiction, des formules chimiques d’anxiolytique faites de boules disco ou encore des installations immersives en réalité augmentée.


Entretien de Clément Nouet, commissaire de l’exposition, avec Jeanne Susplugas


Clément Nouet : Depuis la fin des années 1990, ton travail artistique explore la psychologie humaine, la société, nos addictions et le rapport à nous-même et aux autres.Pour l’espace du Cabinet d’arts graphiques du Mrac, tu as souhaité mettre en avant tonlien avec l’écriture et la littérature ?

Jeanne Susplugas : C’est certainement parce que je dois beaucoup à la littérature, elle nourrit ma vie et naturellement, mon travail. Ce fort lien avec l’écrit s’inscrit dans une longue histoire de l’art, de Dada à aujourd’hui, qui témoigne de la richesse des liens existant entre la littérature et l’art. Je collecte des mots, des extraits ou travaille avec des auteur.ice.s en vue d’enrichir mon propos. La littérature fait partie intégrante de ma réflexion pour en faire une matière plastique. Je compile des fragments de romans, de poèmes, de chansons, des citations se référant à mes axes de recherche, à savoir des comportements addictifs à ce que je nomme les « distorsions sociales ».

Par ce biais, j’essaie de sonder la complexité des êtres, les rapports humains dans leur intimité et leur dimension sociétale. Ma collection de citations constitue une source à laquelle je peux venir indéfiniment puiser. Elle prend d’ailleurs une forme plastique et sonore avec mon installation Base de données littéraires (2014), une grande bibliothèque vide, modulable et fragmentée. À l’intérieur, un dispositif sonore permet d’écouter des extraits de textes enregistrés par des professionnel.le.s. Ainsi, un nouveau texte est créé, faisant sens grâce aux thématiques communes. Les fragments de textes peuvent ressurgir sous différentes formes : photographie, dessin, vidéo, performance, installation sonore ou sculpture. La technique et le matériau s’adaptent à l’idée et au sens véhiculés par les mots. Ainsi, dans ma série Containers débutée en 2008, formée de dessins puis plus tard de sculptures en céramique. Les oeuvres présentent des flacons de médicaments disposés en ligne, comme ils peuvent l’être sur l’étagère d’une salle de bains ou bien dans le placard d’une cuisine. En suivant les mots marqués sur les flacons, une phrase s’esquisse, reflétant un mal-être, une dépendance, un repli sur soi. En me plaçant en témoin de mon temps, je sonde notre rapport à la consommation de ses différents produits, béquilles de nos existences. À la collection d’extraits littéraires s’ajoute des commandes à des auteur.ice.s rencontré.e.s au fil de mes lectures. Des auteur.ice.s contemporain.ne.s qui, à travers leurs écrits, dépeignent des portraits souvent acerbes de nos sociétés. Ainsi, j’ai pu travailler avec Claire Castillon, Marie Darrieussecq, Marie-Gabrielle Duc, Basille Panurgias ou encore Nicolas Rey. Leurs écrits se transforment dans le temps en films, pièces sonores, fils de lumière, performances ou projet interactif (Là où habite ma maison).

Si ma réflexion semble porter en particulier sur les addictions, il s’agit d’un « prétexte » pour parler de la société contemporaine et des malaises qui l’habitent. Il s’agissait d’un point de départ ancré dans mon histoire familiale pour atteindre une histoire sociale. Par l’observation de cette société, par mon expérience personnelle et par mes lectures je donne le pouls d’une société où il est difficile de faire face aux multitudes pressions, visibles ou invisibles, liées à nos modes de vie. Mon travail met en exergue un mal-être individuel et collectif, nos angoisses, stress, inquiétudes.


C. N.Ta pratique plastique est très hétérogène : dessins, sculptures, photographies, céramiques, vidéos, animation 3D.

J. S.En effet, depuis plus de vingt ans, je développe une pratique protéiforme : dessin, photo, installation, céramique, VR, film… car le médium est au service des idées. Quand je réfléchis à un nouveau projet, je me demande quel médium serait le plus juste pour traduire ma pensée.


C. N. Tu montres un nouveau carnet qui se déploie dans l’espace et se change en sculpture ? Ce n’est pas la première fois que tu joues avec le carnet « Moleskine » ?

J. S. Mes carnets me permettent une forme de liberté que je ne m’accorde pas à d’autres endroits. Ils se situent entre « journal intime » et « carnet de voyage ». Je peux faire cohabiter une nouvelle du jour, un rêve, une pensée. Les carnets Leporello – pas toujours Moleskine puisque certains sont réalisés à l’atelier – peuvent se déployer dans l’espace et être présentés sur des étagères ou être suspendus, devenant ainsi sculptures.


C. N.Tu joues avec les échelles des carnets. J’ai l’impression que c’est une notion de plus en plus importante dans ton travail. On retrouve des petites pièces, presque des « miniatures » et d’autres beaucoup plus importantes, comme celle que tu présentais au château Bonisson (Rognes) au printemps dernier. Même dans l’exposition, on retrouve des pièces en vitrine de petites dimensions et d’autres beaucoup plus importantes comme le grand wall painting, ponctué de plusieurs dessins de la série « Mind Mappings » au centre de la salle.

J. S. Les jeux d’échelle sont arrivés dès le début de ma pratique, notamment par l’utilisation de la macrophotographie. Je photographiais des jouets (Cut doll, 1998) ou des médicaments (Une solution, 2000) en gros plan pour souligner nos peurs et autres interrogations. Puis très vite, cette réflexion sur l’échelle s’est retrouvée dans les volumes. Les maisons que je conçois sont de dimensions intrigantes, qu’elles soient sous forme de boîte de médicaments surdimensionnée (The Box House, 2006), de « maison du voyeur » (Peeping Tom’s House, 2007) ou encore Flying house (2018) aux multiples objets de toutes les tailles. Jeu d’échelle que l’on retrouve aussi dans les sculptures KGR ou Graal, toutes deux de 2013, des comprimés surdimensionnés. Ainsi, j’interroge la face trouble de la promesse de bonheur, de soin et de réalité.


C. N. Pour revenir à ton exposition. Peux-tu nous expliquer le titre « Occasions perdues » ?

J. S. Dans La Promesse de l’aube, Romain Gary écrit cette phrase « La vie est pavée d’occasions perdues ». Cette phrase résonne en moi. J’ai l’impression qu’il faut sans cesse, que ce soit des choix ou des non choix, renoncer à des possibles. Au Centre d’art Bonisson (Rognes), je montrais le projet I will sleep when I’m dead, 2020 dont le point de départ est une expérience en réalité virtuelle au titre éponyme. Dans cette expérience, le jeu d’échelle est en effet très présent car il s’agit d’un voyage dans le cerveau mais aussi dans mes dessins, des formes allant de toutes petites « pensées » à d’énormes. Ainsi, l’utilisateur.ice évolue dans un monde où la frontière entre le possible et l’impossible, le normal et l’étrange est complètement brouillée entre rêve et cauchemar.

Au Musée, l’espace de l’ancien cabinet de curiosités offre par sa configuration un réel terrain de jeu.


C. N. Il me semble que le mural qui se déploie sur plusieurs faces demande à être appréhendé comme une page de livre, à tourner autour ?

J. S. Comme l’écrivain·e met au diapason le lecteur.ice dès la première phrase de son livre, chacune de mes expositions raconte une histoire. Certaines oeuvres permettent d’architecturer les expositions à la manière d’un livre. Ou parfois, une oeuvre en particulier fait office d’avant-propos. C’est le cas de la photo Mask par exemple qui évoque le théâtre de la vie, le masque social et les faux-semblants. Elle prévient le visiteur des différentes strates de lecture, qu’il ne faut pas se fier aux apparences.


C. N. Tu présentes également la vidéo « Là où habite ma maison ». Il y a aussi dans ton travail un questionnement sur l’habitat et la forme architecturale que pourrait prendre une structure mentale. Pour cette vidéo, tu as collecté des témoignages du confinement. Ces petites histoires ont été transmises à l’écrivaine Claire Castillon qui a réinterprété les situations pour proposer des récits imaginaires et percutants et tu les as retranscrits en dessin.

J. S. Dans mon travail il est beaucoup question de ramification, de réseau. Ce dernier ne cesse de se démultiplier entre les réseaux d’information, de communication, de pouvoir… jusqu’aux réseaux sociaux et neuronaux. Les maisons sont en effet très présentes dans mon travail. Culturellement associées à l’idée de refuge, de protection. Je les traite sous l’angle de l’ambivalence, de l’inquiétante étrangeté.

Pink house accueille en son sein différentes propositions, du papier peint Made in Japan accompagné de la pièce sonore écrite et enregistrée par et avec l’auteur Nicolas Rey, à la vidéo For your eyes dont les scénettes et la musique renvoient à une indifférencesociale, un malaise dont finalement « nobody cares » (composée spécialement par Ramuntcho Matta). Peeping tom’s house, trouée à hauteur d’yeux (d’adulte ou d’enfant), invite au franchissement de l’intime. L’on ne sait à l’avance à quel type d’expériences troublantes leurs ouvertures nous invitent. Light house joue de cette même ambivalence. L’oeuvre apparemment accueillante, ouverte et lumineuse, par l’effet de fils de lumière, se mue depuis l’intérieur en un sombre dispositif d’isolement renforcé par l’ambiance sonore. Ces « maisons » aux échelles variables et indéfinissables ont un dessein commun, exercer une attractivité visuelle par les couleurs, les matières, la lumière, pour mieux contrarier le confort du visiteur. Il n’est pas question de bien-être mais plutôt de désenchantement.

Nous avons récemment pu expérimenter la « maison » différemment en étant assigné à résidence. Cette claustration obligatoire a engendré nombre de comportements. Au sortir du confinement, j’ai commencé à collecter des témoignages de ces différentes expériences. Autant de petites histoires que j’ai confiées à l’écrivaine Claire Castillon comme point de départ.

Je suis admirative de la capacité de Claire à porter un regard d’une grande justesse sur le monde et de le révéler grâce à son écriture forte et singulière. Elle excelle dans l’art de cristalliser en quelques mots un état intérieur, à saisir au plus près les événements, par une approche intime et personnelle. Elle dit d’ailleurs « Lorsque j’écris je suis vraiment moi, sinon je ne m’entends pas, il y a trop de bruit. » Ainsi, ses mots agissent directement sur notre pensée et sur nos émotions.

Des histoires drôles, douloureuses, grinçantes, singulières induites par le huis-clos qui évoquent entre autres, l’anxiété, la régression du rôle de la femme, l’augmentation des violences conjugales et intrafamiliales. Cette expérience inédite a mis en exergue les écarts socio-économiques existants et a accentué les dysfonctionnements relationnels.

Ce projet questionne donc la maison en tant que refuge et lieu d’enfermement. Nous avons fait corps avec la maison jusqu’à la considérer comme une tierce personne, « Là où habite ma maison ».

Exposition du 27 janvier au 12 mai 2024. Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, Cabinet d’arts graphiques, 146 avenue de la plage - 34410 Sérignan. Tél.: +33 ( 0)4.67.17.88.95. Ouverture du mardi au vendredi de 10h à 18h, samedi et dimanche de 13h à 18h.

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