L’art qui dialogue avec l’environnement
Communiqué de presse de Patrice Joly, commissaire de l’exposition
« L’horizon des événements » est un terme tiré de l’astrophysique. Il désigne la limite de ce qui est visible avant que la densité extrême du trou noir que cet horizon borde n’empêche la lumière de s’échapper. Comme de nombreuses expressions scientifiques, celle-
Il y a cependant dans cette expression, un double mouvement contraire et paradoxal : l’horizon est ainsi cette limite sans cesse repoussée au fur et à mesure qu’on la poursuit, tandis que les événements sont ce qui définit notre présent. « Le monde est tout ce qui arrive », écrivait Wittgenstein en ouverture de son célèbre Tractatus. « L’horizon des événements » est, en même temps que la limite du monde connaissable, un espace au-
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Gilles Aillaud
Important
Marika Prévosto
À
sandie hatem
jul 1 à 2h10 PM
Gilles Aillaud, Le silence sans heurt du présent
En coproduction avec les Musées des beaux-
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Exposition du 10 décembre 2016 au 05 mars 2017.
Fondation Maeght, 623 chemin des Gardettes – 06570 Saint-
Exposition du 10 décembre 2016 au 30 mars 2017.
Espace de l’Art Concret, château de Mouans – 06370 Mouans-
À l’Espace de l’Art Concret, mettant en jeu le concept d’art total dans C’est à vous de voir..., , Pascal Pineau investit les espaces du Château pour en retrouver la fonction originelle, interrogeant la valeur d’usage des œuvres. Expérimentant les limites du décoratif et de l’ornemental, il ouvre un dialogue entre pièces issues de l’artisanat, du design, objets de brocante et œuvres d’art ‘proprement dites’. Ainsi, les salles d’exposition se transforment en une succession d’espaces domestiques fictifs. Cuisine, bureau, salon, chambre d’enfant, suite parentale… chaque pièce peut se percevoir comme un portrait en creux de l’artiste qui pose un regard introspectif sur une trentaine d’années de pratique artistique.
Sur l’invitation de Pascal Pinaud, Alexandre Curtet, fondateur de Loft interior designers, a été sollicité pour concevoir l’aménagement intérieur de ces espaces en dialogue avec ses œuvres, mais aussi celles d’artistes avec lesquels ce dernier partage des affinités esthétiques, comme Noël Dolla, Mathieu Mercier, Natacha Lesueur, Philippe Ramette…
Autrefois rempart destiné à faire face aux invasions de toutes sortes, le château médiéval s’est transformé au cours des siècles en un lieu d’agrément. Les anciennes fortifications ont cédé la place aux larges jardins pour accueillir les fastes de la noblesse. Enfin, les collections d’art contemporain ont envahi les espaces. L’horizon des événements est une exposition in situ, qui prend le château d’Oiron comme l’archétype de toute demeure. Elle élargit cette notion même d’habitat à la planète tout entière, afin d’y importer des préoccupations « terrestres », sans sombrer pour autant dans le discours alarmiste, en laissant des portes de sortie à l’imaginaire, comme un horizon de secours…
L’exposition peut s’appréhender selon un parcours en spirale qui partirait de la salle des muses, où Anne-
Le périple qui se poursuit à l’intérieur du château amène jusqu’au comble central, où est révélé le dernier opus de Noémie Goudal. L’artiste a filmé une forêt qu’un feu désagrège lentement, couche après couche, plan après plan, jusqu’à finalement dévoiler la nudité d’un décor stérile. Ici, difficile d’ignorer une forme de message qui semble pour le moins explicite : le spectaculaire de la projection et les moyens mis en œuvre pour la produire renvoient à l’investissement massif qu’il faut déployer pour anéantir ces forêts qui nous oxygènent. L’effet de sidération que produit la vidéo renvoie à notre impuissance devant l’imminence du désastre :
« notre maison brûle et nous regardons ailleurs (1) ». La lumière de ce fameux horizon des événements n’annoncerait-
Poursuivant ce mouvement centrifuge, Capucine Vever nous éloigne du cœur de la demeure pour s’intéresser à ses abords, et à l’ancien territoire alentour qui représentait sa couronne nourricière. Désormais retournée dans le giron du peuple des agriculteurs, l’immensité des terrains cultivés a dessiné l’archétype du paysage de « campagne ». Tout sauf sauvage, cette dernière est de plus en plus analysée, scannée, cartographiée. L’artiste est partie de cette technicisation des sols pour composer son œuvre. Reprenant la ligne des sillons tracée par les tracteurs, pour en faire la matrice de ses gravures, elle a peut-
Dans le même registre d’interrogation sur la place du vivant, Tiphaine Calmettes s’est employée à le repositionner dans la grande chaîne de la production artistique. Ses œuvres ne sont jamais totalement achevées, continuant toujours de progresser, à l’instar de cette mère de kombucha (2), « élevée » au CIAP de Vassivière puis ramenée dans son atelier parisien avant de repartir pour Oiron. L’organisme n’a cessé de se modifier au rythme de ses déplacements, adoptant la forme du nouvel endroit qui l’accueille : un in situ sans cesse renouvelé. Dans ce petit Théâtre d’objets, comme elle a intitulé sa pièce, les vases en céramique aux formes animales voisinent les réservoirs en terre cuite et les bouquets de plantes récoltées aux alentours, qui alimenteront les alambics dont elle a imaginé le design. À côté, des matières panifiées continueront leur métamorphose, passant de l’ocre à toutes les couleurs de l’arc-
L’œuvre de Charbel Samuel Aoun, quant à elle, participe d’une réflexion sur un « moins faisant » qui consiste plus en un mouvement de glanage des restes de l’activité humaine qu’en l’affirmation de gestes magistraux. L’éolienne bricolée installée par l’artiste dans l’enceinte du château ne produit que l’énergie nécessaire à alimenter le mécanisme sommaire d’un instrument de musique, manière de dénoncer le productivisme énergétique qui nous obsède et de le remplacer par une production poétique aléatoire, soumise à la fluctuation des vents. Dans la plaine qui entoure le château, l’artiste a réuni une quarantaine d’Oironais pour une grande performance participative. Cri-
1 Discours de Jacques Chirac au quatrième sommet de la Terre, le 2 septembre 2002.
2 La mère de kombucha est une colonie de bactéries et de levures qui vivent en symbiose, et que l'on utilise comme culture de démarrage pour faire du thé fermenté. Elle forme une membrane visqueuse qui peut atteindre plusieurs centimètres d’épaisseur.
Exposition du 25 juin au 02 octobre 2022. Château d’Oiron, centre des monuments nationaux, 10-
© ArtCatalyse / Marika Prévosto 2007 -